Les premiers pas dans l’échange
En 1992, année humide dans le Cotentin, la CUMA de Montebourg lance un appel aux autres CUMA du département pour les aider à finir la récolte. C’est tout naturellement que les responsables de la CUMA de Montjoie ont proposé leurs services et ont fait le déplacement (100 km) pour battre les derniers hectares début septembre.
Ce « dépannage » plus qu’un échange a néanmoins permis aux adhérents des deux CUMA de se connaître et de commencer, quelques années plus tard, un échange de moisson. La formule a vite séduit les adhérents de la CUMA qui y ont vu une amélioration du service sans coût supplémentaire. Cependant, l’échange n’a pas pu durer avec Montebourg en raison du gain de précocité progressif des variétés de blé qui a réduit l’écart des dates de récolte entre les deux secteurs. « Les dates de récolte se chevauchaient de trop » reconnaît Claude Beauvalet, trésorier de la CUMA.
Privilégier le service...
Fort de cette première expérience, les responsables de la CUMA n’ont pas voulu en rester là et en 2003, ils prennent contact avec des agriculteurs de la région de Vitré (35).
La CUMA d’Etrelles dispose de 2 moissonneuses comme la CUMA de Montjoie et, chose très importante, malgré la faible distance entre les deux communes (60 km), il y a un écart de précocité d’une à deux semaines sur les céréales. Autrement dit, toutes les bonnes conditions sont réunies pour mettre en place un échange afin de répondre à une demande de service toujours plus forte.
Pour les deux CUMA, il s’agit bien d’un échange d’hectares, en effet, il n’est jamais question de prix, tout consiste à essayer de réaliser la même surface. Une des deux machine de Montjoie descend à Etrelles autour du 10-14 juillet pendant une semaine, ce qui permet aux bretons de disposer de trois machines pendant leur « coup de bourre ». Ensuite, la machine remonte sur Montjoie avec une des deux machines d’Etrelles.
Echange d’ensilage
La CUMA de Montjoie a aussi une activité ensilage de maïs de même que la CUMA d’Etrelles. Les deux groupes d’agriculteurs ayant une expérience de travail en commun sur la moisson, l’idée d’étendre l’échange à l’ensilage s’est vite imposée dans les esprits.
En partant sur le même principe que la moisson, c’est à dire un échange de surface sans transaction financière entre les deux CUMA, environ 100 ha de maïs sont échangés. Il n’y a quasiment pas de chevauchement entre les deux campagnes de maïs ce qui permet aux deux CUMA de disposer de deux machines sur les 2/3 de la saison (les 2 premiers tiers sur Etrelles et les 2 derniers tiers sur Montjoie).
Que ce soit pour la moisson ou l’ensilage, chacune des deux CUMA met aussi un chauffeur à disposition.
A Montjoie, le chauffeur c’est Christian Roussel qui a 1/3 temps à la CUMA et est exploitant pour le reste. Il est aussi le président de la CUMA. Pour les aspects pratiques, les chauffeurs sont hébergés chez un adhérent de la CUMA.
L'échange de matériels a permis à ces deux CUMA de répondre à une demande très forte de qualité de service. Les moissons et les ensilages se déroulent sur des périodes de plus en plus courtes, c'est une exigence à laquelle doivent aussi répondre les CUMA.